24 juin 2008
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La LMDE (La Mutuelle des Etudiants) a dévoilé les premiers résultats de sa Deuxième Enquête Nationale sur la Santé des Etudiants, réalisée avec son Observatoire Expertise et Prévention pour la Santé des Etudiants (EPSE) en partenariat avec l’institut de sondages BVA. Une présentation a eu lieu en avant-première, à l’occasion du congrès que la Mutuelle a tenu, du 12 au 14 juin à Grenoble.
Une première Enquête Nationale sur la Santé des Etudiants a été menée en 2005 par l’observatoire EPSE, créée par la LMDE. Les résultats très riches de cette première enquête ont permis à la LMDE de disposer d’une solide base d’informations sur laquelle s’appuyer pour construire les actions, définir les prestations et services à offrir aux étudiants, pointer les dysfonctionnements de notre système de santé…
Trois ans plus tard, les premiers résultats de la Deuxième Enquête Nationale sur la Santé des Etudiants (qui explorent de nouvelles thématiques comme l’audition ou les comportements face au mondes virtuels) s’avèrent tout aussi instructifs et se situent dans le prolongement des précédents indicateurs relevés par la LMDE, venant ainsi étayer nombre de ses revendications. Ils soulignent une fois encore que, si les étudiants sont moins malades que leurs aînés, ils sont pour autant porteurs de caractéristiques sanitaires et sociales spécifiques qui doivent être prises en compte dans la mise en place de véritables politiques de santé publiques dédiées.
L’organisation de la vie universitaire pointée comme un déterminant de santé
Le manque de temps des étudiants et la répartition, parfois incohérente, de leurs horaires de cours durant la semaine influent directement sur leurs pratiques alimentaires et sportives.
Ainsi, le manque de temps est cité comme étant le premier frein à la pratique sportive (54 %), même si 57,2 % des étudiants pratiquent une activité sportive au moins une fois par semaine.
Concernant l’alimentation, l’enquête révèle que les habitudes étudiantes sont plutôt bonnes et que 66 % des étudiants estiment que leur alimentation est équilibrée. Mais parmi les raisons invoquées pour ne pas manger équilibré, figure très largement en tête le manque de temps (50 %).
Mal-être et scepticisme sur la société
Relativement préservée des maladies par l’âge, une écrasante majorité des étudiants (98%) juge son état de santé satisfaisant. Ce constat général cache toutefois des états de fatigue et de grande nervosité assez fréquents (44% se sentent fatigués en permanence ou souvent, 30% très nerveux et 24% épuisés) ainsi que des situations de grande détresse fort heureusement plus marginales (5% des étudiants ont eu des pensées suicidaires). Certaines filières (grandes écoles, médecine) semblent particulièrement génératrices de ces états de stress (en grandes écoles, les étudiants sont 70% à être fatigués souvent ou en permanence et 53% très nerveux). Ces tendances confirment celles révélées par la première enquête nationale de la LMDE, qui avait été complétée par une enquête spécifique dédiée au « mal-être » étudiant.
D’une manière générale, l’enquête tend à montrer que les jeunes doutent de leur capacité à réussir dans la vie (55% répondent par la négative), et révèle une vision extrêmement sombre de la société qui les entoure. Ainsi, quand les étudiants regardent vers l’avenir, une majorité (68%) se dit confiante mais sans grand entrain (11% sont « tout à fait confiants » contre 57% « assez ») et près du tiers des étudiants se dit peu ou pas du tout confiant. De même, 27% estiment faibles leurs chances d’insertion professionnelle alors même que leurs études devraient leur garantir un avenir prometteur.
Le tabac en baisse, l’alcool et le cannabis banalisés
Si l’alcool et le cannabis sont en passe de devenir des produits usuels pour les étudiants, les autres types de consommation de substances psycho actives demeurent marginaux.
Les étudiants boivent de l’alcool et surtout, ils en boivent fréquemment (6 étudiants sur 10). Les alcools forts -plus que les premix- dont on a beaucoup entendu parler- sont consommés assez fortement (62% des étudiants en consomment dont 13% au moins une fois par semaine) tout comme la bière (57% au global et 21% une fois par semaine) ou le vin (57% au global et 18% par semaine).
Quant au cannabis, 4 étudiants sur 10 déclarent en avoir déjà consommé –soit beaucoup plus que la moyenne de la population française à 32%. Tout en restant marginales, les autres expérimentations de substances psychoactives sont à surveiller avec, en tête, le poppers (9%) suivi des champignons et de la cocaïne (5% chacun).
Tabac : la prévention utile à l’Université
Un quart des étudiants se déclare fumeur, dont 18,3% de fumeurs réguliers, ce qui semble annoncer la stagnation de la baisse régulière de la consommation de tabac, observée chez les jeunes lors des hausses de prix successives.
Les campagnes nationales de prévention, menées de manière concomitantes à l’application de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, semblent avoir eu un effet non négligeable puisque 29% des étudiants ont le sentiment d’avoir réduit leur consommation de tabac.
Ces éléments sont à pondérer par le fait que la moitié des étudiants fumeurs semble renforcer sa consommation de tabac en arrivant à l’Université (un étudiant fumeur sur deux).
Audition : de la musique a en devenir sourd !
Les jeunes semblent scotchés à leurs enceintes comme à leurs oreillettes (8 étudiants sur 10) dont certains quotidiennement (respectivement 60 et 45%). Or une partie non négligeable d’étudiants (37%) a déjà ressenti des sifflements dans les oreilles ou a eu le sentiment de moins bien entendre après avoir écouté de la musique (28%). Pour 5% des étudiants cette sensation a duré plus de six heures, signe d’importantes perturbations auditives. Les étudiants ayant ressenti ces symptômes ne semblent toutefois pas s’en inquiéter outre mesure : la proportion d’étudiants ayant fait contrôler leur audition n’est en effet pas plus élevée parmi eux que parmi ceux qui n’ont jamais eu de troubles auditifs (environ un sur deux).
Rapports au monde virtuel
Internet a aujourd’hui supplanté la télévision dans les habitudes médias des étudiants : 8 étudiants sur 10 surfent tous les jours sur le net pour 6 étudiants sur 10 qui regardent la télévision dans le même temps. Selon leurs déclarations, ils en font un usage plus studieux (71% de recherches liées aux études) que récréatif (messagerie 60%, recherches personnelles 45%, chats 28%).
Mais dans un contexte où le temps est compté, Internet apparaît ainsi comme un réseau de sociabilité efficace : 31% des étudiants déclarent même se sentir moins seuls grâce à leur ordinateur. Faut-il pour autant craindre le développement d’une sociabilité virtuelle au détriment d’une sociabilité réelle ? L’enquête montre, de façon inédite, qu’a priori les comportements pathologiques sont relativement rares : si Internet apparaît comme un refuge -14% des étudiants disent l’utiliser davantage quand la vie réelle pose problème - il ne semble pas offrir une vie de substitution -peu d’étudiants consacrent par exemple davantage de temps à leurs amis virtuels que réels (5%)-.
Contraception, sexualité, IST : encore du chemin à parcourir
Le recours systématique à un mode de contraception n’est pas encore unanime puisque 24 % des étudiantes ayant des rapports sexuels déclarent ne pas en avoir.
Par ailleurs, le dialogue entre partenaires sexuels est encore perfectible : un quart des étudiants masculins ayant eu des rapports sexuels ignore le mode de contraception de leur partenaire.
L’Interruption Volontaire de Grossesse reste un acte exceptionnel auquel 6% des étudiantes déclarent avoir eu recours. Ceci étant, on notera un nombre inquiétant (27%) d’étudiantes se plaignant des difficultés pour pratiquer cette IVG. On note encore la banalisation de la pilule du lendemain à laquelle 40 % de celles ayant eu des rapports sexuels déclarent avoir eu recours.
L’enquête révèle que les étudiants ont une relativement bonne connaissance des modes de transmission du virus du SIDA, certaines pratiques et idées ont toutefois la vie dure puisque 42% des étudiants ignorent que le SIDA peut se transmettre par l’allaitement et 23% pensent à tort qu’il peut se transmettre par piqûre d’insecte. Il convient également de remarquer que 7% des étudiants pensent à tort qu’il peut se transmettre sur la cuvette des toilettes.
Enfin, 15% des étudiants déclarent encore ne pas utiliser systématiquement le préservatif en cas de relation avec un nouveau partenaire.
Des résultats à prendre en compte pour guider les politiques de santé publique
Les premiers résultats de cette enquête mettent en lumière la bonne santé globale des étudiants du fait de leur jeune âge. Cependant, et au delà de cette bonne santé apparente, les étudiants se révèlent en proie à des symptômes plus qu’alarmants : les phénomènes d’angoisse, de stress, de détresse psychologique parfois liés au sentiment d’échec à l’Université, deviennent pour de plus en plus d’entre eux une réalité dont la banalité a de quoi inquiéter.
Par ailleurs, au regard des premiers résultats, deux facteurs récurrents influent, à des degrés divers, sur l’état de santé et les conditions de vie de l’étudiant : le manque de temps et le manque de moyens financiers. Ils apparaissent comme des déterminants prioritaires à la non pratique sportive, à une alimentation déséquilibrée ou encore à la non pratique de certaines activités universitaires.
A travers le manque de temps, c’est l’organisation générale de la vie universitaire qui est ciblée, et qui apparaît comme n’étant pas adaptée au rythme chrono biologique de l’étudiant.
Le manque de moyens financiers, évoque quant à lui la précarité sociale des étudiants. En l’absence d’un statut social de l’étudiant, le manque de revenus financiers contraint les étudiants à se salarier pour financer leurs études.
Ce salariat étudiant, le plus souvent subi, est cause de stress supplémentaire, de manque de sommeil, d’échecs universitaires… menant parfois à un arrêt anticipé des études, autant de facteurs de risque au « mal être».
En matière d’accès aux soins, la LMDE revendique depuis longtemps maintenant le développement de structures d’accueil et de proximité, l’augmentation des moyens financiers attribués aux services de Médecine Préventive Universitaire (MPU) et aux Bureaux d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU) dont il n’existe que 13 centres en France, ou encore la mise en place de dispositifs d’aides à l’acquisition d’une complémentaire santé à travers la création d’un véritable chèque santé. Or, malgré les engagements successifs depuis la parution du rapport Wauquiez en 2006, aucun dispositif notable n’a vu le jour.
L’objectif de la LMDE, notamment avec cette nouvelle enquête, demeure d’ouvrir le débat et de proposer son expertise, afin de formuler des recommandations et d’engager des actions pour l’amélioration de la santé et des conditions de vie des étudiants.
La LMDE sera par ailleurs vigilante à ce que les engagements formulés dernièrement par Roselyne Bachelot, Ministre de la santé, et portant sur la transformation des services de MPU (Médecine Préventive Universitaire) en véritables centres de santé, soient rapidement suivis d’effets et accompagnés de moyens financiers adaptés.
Méthodologie
L’enquête de la LMDE a été réalisée au téléphone, fixes et mobiles, par l’institut BVA en France métropolitaine du 31 mars au 21 avril 2008, auprès d’un échantillon représentatif de 2000 étudiants adhérents ou affiliés à la LMDE. La représentativité en terme de sexe, d’âge, après stratification par académie, a été assurée par la méthode des quotas.
Qu’est-ce que l’Observatoire EPSE ?
Devant l’absence de structure nationale d’expertise de la santé des étudiants, la LMDE a créé en 2005 l’Observatoire Expertise et Prévention pour la Santé des Etudiants (EPSE). Cet observatoire a pour ambition de dresser, en collaboration avec les pouvoirs publics et les milieux universitaires et de santé, un état des lieux de la santé étudiante. Il contribue ainsi à l’acquisition d’une meilleure connaissance des conditions de vie des étudiants.
www.observatoire-epse.org