16 juin 2008
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la santé des étudiants, parent pauvre des politiques publiques ? Le bien-être de cette catégorie de jeunes, théoriquement en bonne santé, n'a jamais intéressé les responsables politiques. Depuis la loi du 23 septembre 1948étendant aux étudiants le régime de Sécurité sociale, rien de notable n'a eu lieu, exceptée l'organisation de la médecine préventive universitaire, en 1988.
Jamais appréhendée en tant que telle, la santé des étudiants a toujours été traitée de façon segmentée, contrairement à la santé scolaire. Le sujet a aussi souffert d'un éparpillement des compétences entre ministères de l'éducation nationale et de la santé. "Il a fallu attendre le rapport Wauquiez, en 2006, pour que les politiques prennent conscience du problème", explique Michaël Zemmour, chargé des questions "vie étudiante" à l'UNEF, syndicat majoritaire dans les universités.
En décembre 2006, Laurent Wauquiez, député UMP de Haute-Loire, aujourd'hui secrétaire d'Etat à l'emploi, établissait un état des lieux de la santé et de la protection sociale des étudiants. Il soulignait des "dégradations inquiétantes" et une "santé des étudiants négligée". Et notait que près de 15 % des étudiants renonçaient, faute d'argent, à un soin optique ou dentaire. Ce recours minimal aux soins se retrouve dans l'enquête de La Mutuelle des étudiants (LMDE) dont nous avons choisi des extraits. Hormis la visite chez un généraliste - au moins une fois dans l'année pour 87 % -, les étudiants consultent moins les spécialistes. Dans l'année, 42,5 % se sont rendus chez un dentiste, une étudiante sur deux chez un gynécologue.
RENONCEMENTS AUX SOINS
Pour éviter que le défaut de couverture complémentaire entraîne des renoncements aux soins, l'une des dix propositions du "plan santé étudiant" du député consistait à créer un chèque santé de 100 euros, permettant aux étudiants d'acquérir une mutuelle. Laurent Wauquiez défendait la création, dans chaque pôle universitaire, d'une "maison de la santé étudiante" regroupant en un seul lieu des spécialités médicales, une aide psychologique et des antennes de services sociaux. Il proposait aussi d'instituer un droit à un "paquet santé" au cours des deux premières années d'études, dont un check-up santé complet.
Salué à sa sortie par l'ensemble des acteurs concernés, cité à plusieurs reprises par Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur, comme une référence en la matière, ces propositions sont toutefois restées en grande partie lettre morte.
En juin 2007, à l'ouverture du chantier "conditions de vie étudiante", un des cinq chapitres menés parallèlement à la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU), d'août 2007, le volet santé était prioritaire, comme la réforme des bourses. Or la ministre a annoncé, en septembre 2007, des mesures en faveur des aides sociales mais rien à propos de la santé des étudiants.
RALLONGE FINANCIÈRE
Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports qui reprend le dossier, présente un plan "santé jeunes", le 27 février. Le texte prévoit la transformation progressive de la médecine préventive universitaire en centres de soins, autorisés à délivrer des prescriptions. Les coûts de gestion de ces centres, une dizaine par an, seront partagés entre les étudiants, via une hausse progressive de leurs droits d'inscription (de 3 à 6 euros par an), les universités et l'Etat.
Parmi les autres mesures figure la possibilité pour les étudiants d'effectuer en plusieurs fois le versement de leurs cotisations maladie pour les prochaines inscriptions universitaires. Enfin, tous les jeunes de 16 à 25 ans pourront bénéficier, au 1er janvier 2009, d'une consultation annuelle et gratuite chez le médecin généraliste de leur choix.
Ce plan, considéré comme "a minima", notamment par l'UNEF, en raison de l'absence de calendrier précis et de véritable budget, commence toutefois à être mis en oeuvre. Le décret réformant les services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé (Sumpps) a été adopté en mai. Ses services devraient aussi bénéficier d'une rallonge financière. Le budget 2008 prévoit que leur dotation de fonctionnement, qui n'avait pas été majorée depuis dix ans, soit augmentée de 2 millions d'euros. Au total, les 37 services universitaires existants et les 11 services interuniversitaires devraient, en 2008, percevoir 4,5 millions d'euros.
L'enquête de LMDE a été réalisée, au téléphone fixe et mobile , par l'institut BVA en France métropolitaine du 31 mars au 21 avril 2008, auprès d'un échantillon de 2 000 étudiants adhérents ou affiliés à la LMDE. La représentativité en termes de sexe, d'âge, après stratification par académie a été assurée par la méthode des quotas.
Catherine Rollot
Article paru dans l'édition du 14.06.08. de LEMONDE